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Il y a quelques mois, j’attirais votre attention dans un précédent article sur les différentes applications de notation que l’on pouvait trouver sur le marché, et sur le fait que pour un même produit on pouvait passer de « pas terrible » à « on est dans le vert ».

Le problème soulevé était celui de la transparence qu’offre ces applications, en effet aucune d’entre elles ne publient une charte ou une explication précise de leurs critères d’évaluation, parfois ils se contentent de citer des sources qui si vous prenez le temps de les lire peuvent se contredire.

On se croirait dans un collège quand les élèves se plaignent de se faire noter « à la gueule ».
Pour ceux qui ont des enfants de cet âge, force est de constater que souvent ce constat ne se vérifie pas à la relecture de devoirs et qu’à la place du prof j’aurais même noté plus sévère. 😉

Pour les applications de notion c’est plus difficile car il y pas de cahier de leçons, pas de programme annuel, et pas de grille de notation.

C’est peu après avoir relu cet article que je me suis amusé à scanner quelques produits en rayon avec l’application la plus connue et là je découvre qu’en plus de n’avoir aucun cahier des charges pour la notation de ces produits certains sont crédités d’une mauvaise note car il y aurait un risque potentiel, même si aucune étude scientifique n’est arrivé à le prouver depuis plus de 20 ans.

La pierre d’alun

Alors bien évidemment vous avez compris que c’est de la pierre d’alun dont je parle.

L’explication de Yuka se base sur 2 critères :

« Les sels d’aluminium pourrait engendrer des effets neurotoxiques. »

« Le potassium alum correspond à la pierre d’alun naturelle. Qu’le soit synthétique ou naturelle, la pierre d’alun est composée de sels d’aluminium (C’est vrai NDLR ) 

Si le passage transcutané du chlorhydrate d’aluminium (pas présent dans la pierre d’alun NDLR ) ) a été le plus étudié, il existe encore peu de données sur le passage cutané des sels d’aluminium issu e la pierre d’alun.

Par principe de précaution, il est préférable de limiter les produits contenant des sels d’aluminium. »

En clair, Yuka vous dit on ne sait pas quels sont les risques de la pierre d’alun, on est jamais arrivé à avoir des éléments scientifiques prouvant sa dangerosité ou un quelconque risque de pénétration cutanée, mais méfiez vous-en quand même.

Par contre pas un mot sur l’avis du CSSC  qui « considère comme sûre l’utilisation de l’aluminium dans les antitranspirants… » même si celui -ci est cité en source.

C’est quoi cela comme sorte d raisonnement scientifique : on sait pas donc méfiez vous. Nous sommes loin du principe de précaution. La ils inventent « le principe d’anticipation de précaution ». Au cas ou il y aurait un risque plus tard….

Les autres produits cosmétiques

A la vue de cette petite note sur la pierre d’alun, j’ai choisi quelques autres produits à scanner, en commençant par le rayon Beauté.

Un déodorant de GMS noté 93/100 donc excellent et voici la composition complète :
Propylène glycol, aqua, sodium stearate, parfum, sodium chloride, stearyl acohol, Tetrasodium EDTA

Ce produit de la marque Sanex, est celui proposé en alternative à la pierre d’alun sur l’application. Alors je ne juge pas de la qualité de ce produit ni de sa potentiel dangerosité qui est à mon avis inexistante, mais je voudrai comprendre quels sont les véritables critères de notation.

La pierre d’alun est utilisée pour des solutions cutanées depuis plus de 2000 ans sans qu’on ait émis d’avis scientifiques sur ses possibles effets néfastes ou secondaires, qu’en est il des substances évoquées plus haut? A t on le même recul? Ont elles toutes été testées à grande échelle?

Et autre chose comme vous le voyez dans le produit il y a du parfum, une composition chimique comme beaucoup qui permet d’apporter ce que l’on pourrait appeler « une assurance efficacité » dans un déo, sachant qu’un parfum n’a jamais eu d’effets de régulation de la transpiration.

Les huiles essentielles

Dans les produits naturels et certifiés, les parfums chimiques sont interdits et souvent remplacés par des compositions naturelles, des eaux florales ou des huiles, et surtout des huiles essentielles qui pour certaines ont un grand pouvoir olfactif sans avoir besoin d’en utiliser beaucoup.

Problème : ces huiles essentielles sont des concentrés de fleurs, plantes… et contiennent inévitablement les potentiels allergènes contenus dans ces plantes.

Et ces allergènes, composés naturels des HE, et bien Yuka ne les aime pas et tout de suite c’est la notation de votre produit qui en pâtit.
il est important de prévenir de la possible apparition d’allergies cutanées, quand on utilise un produit, même si le risque est faible.

D’ailleurs il est intéressant de préciser que le terme hypoallergénique est interdit en cosmétique depuis 2019, car aucun ingrédient ne pourrait faire la preuve qu’il n’entrainera jamais et sur personne une réaction allergique.

Le point négatif de cette notation des allergènes des HE et qu’elle privilégie les produits ayant une composition parfumante de synthèse ou détriment des senteurs naturelles.
Bien utilisées, bien proportionnées, bien conseillées les HE naturelles ont de nombreux bénéfices.

Pour info, la pierre d’alun à la même note que le Nutella 30/100, et ça c’est déjà réconfortant. Par contre le Coca Zero a une meilleure note que nous 🙄

La nourriture

En regardant la note du Nutella, je me suis dit que l’on pouvait aussi s’intéresser à la nourriture.

Alors au temps taper fort et j’ai pris un boite de céréales, que l’on achète parfois aux enfants en leur répétant que c’est exceptionnel que l’on garde cela pour le week-end car les céréales industriels sont pleines de sucres.
Eh bah bonne surprise, ces céréales, semblent bonnes pour la santé de mes enfants.

Alors c’est sur il n’y a pas d’huile de palme dans ce produit (ce qui semble être « LE CRITERE » on en reparle quand on aura redéforesté l’Indonésie pour planter des arbres à coco).

Par contre le sucre, les calories, ont l’air de poser moins de problème.

Attention, ne me prenez par pour quelqu’un qui pèse ses aliments, qui ne mange jamais de sucres, qui fait attention à tout ce qu’il y a dans son assiette…
Je pense qu’on oublie parfois la notion de plaisir, et qu’on pense trop santé.
Alors bien sûr que je ne crache pas sur les produits sucrés, sur même parfois des produits industriels bien transformés , et cela sans une once de culpabilité.

Mais le problème que je veux soulever en comparant cosmétique & nourriture c’est le signal que l’on donne aux consommateurs.

Pour être honnête et en revenir au point précédent sur les huiles essentielles, je ne pense pas qu’un consommateur utilisant un cosmétique contenant des HE prennent plus de risque pour sa santé que quelqu’un qui mange quotidiennement sa portion de céréales industriels.

Et c’est en cela que l’absence de critères bien définis pas ces applications est contre productive car elles décrédibilisent leur avis, et donc leur utilité.
Encore une fois donner de l’information aux consommateurs me semble être une très bonne initiative mais encore faut-il lui expliquer d’où vient cette information et comment on la traite avant de lui redonner sous formes de couleurs pour signifier ce qui est bon ou non pour lui.

La notation : critère de formulation

Chez Laboratoires Osma nous sommes fabricants de cosmétiques depuis 1957, et nous travaillons pour les autres.

Pendant longtemps les premiers critères de nos clients étaient l’efficacité du produit, sa naturalité, puis son éco-conception et son Made in France…
Aujourd’hui certains tapent à votre porte en vous disant que leur première exigence c’est une notre d’un minium de 90 sur Yuka.

Et cela, c’est pas un critère de création chez nous, parce que comme dit au dessus ça ne signifie rien.

Tout commence par définir l’utilité de votre produit, votre clientèle et après si on doit affiner retirer certains ingrédients qui peuvent vous poser problème pas de souci, mais par contre ne nous demandez pas de retirer un composant naturel que l’on maitrise que l’on connait dont on mesure l’efficacité au prétexte qu’il est pas bien noté sur Yuka au contraire de son équivalent chimique.

Depuis 1957, nous faisons de la cosmétique naturelle & biologique et nous nous sommes battus pour mettre en avant nos choix d’une cosmétique non conventionnelle, qui a pu se révéler au fil du temps très gourmande en chimie, sans pour autant bien évaluer les risques pris.
Ces choix qui se sont affirmés être les bons au fil du temps, il nous est difficile de les abandonner pour répondre à une exigence qui ne s’établit pas sur des critères précisément définis.

Encore une fois, l’information aux consommateurs est essentielle, mais le bon sens, le plaisir sont aussi des notions que nous devons remettre au centre de la table et qui ne doivent pas faire l’objet de notation.

Le problème est qu’au vue du nombre d’utilisateurs de ces applications on leur apporte une « aide » au choix qui ne se base sur rien de scientifiquement fondé, pas de mots également sur les méthodes de production choisies (une huile de palme cultivée de manière raisonnée n’est elle pas au final plus vertueuse qu’une huile de coco provenant d’une culture intensive?), sur les lieux de fabrication …